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COP30 : c’est quoi ce fonds à 125 milliards de dollars présenté par Lula pour lutter contre la déforestation

COP30 : c’est quoi ce fonds à 125 milliards de dollars présenté par Lula pour lutter contre la déforestation

Bien qu’elle soit consacrée au climat et non à la biodiversité, il était impensable d’accueillir une COP en Amazonie sans parler de protection de la forêt. Parmi les enjeux qui se dessinent à Belém, la présidence brésilienne a fait de celui-ci son initiative phare : le Tropical Forest Forever Facility (TFFF). Pensé depuis des années et présenté dès jeudi 6 novembre, ce fonds global inédit vise selon ses promoteurs à récompenser les pays en développement à forte couverture forestière tropicale qui agiraient pour la maintenir en l’état ou l’accroître.

Le principe ? 125 milliards de dollars investis sur les marchés – 20 % de la somme abondée par les États, le reste par des financements privés – et dont les profits seraient reversés chaque année aux bénéficiaires à hauteur de 4 dollars par hectare protégé. À l’inverse, un malus de 400 dollars pourrait être soustrait du montant alloué pour chaque hectare déforesté, et de 200 en cas de dégradation.

Brésil, Sri Lanka, République Démocratique du Congo, Malaisie… Plus de 70 pays en développement – ils recouvrent ensemble un milliard d’hectares de forêts tropicales sur la planète – chez qui il est souvent plus rentable d’abattre des arbres que de les sauvegarder pourraient ainsi avoir accès à cette redevance. Pour l’heure, le président Luiz Inácio Lula da Silva a annoncé que son pays fournirait un milliard de dollars. De même pour l’Indonésie. La Norvège pourrait même grimper jusqu’à 3 milliards et la France, 500 millions. Soit plus de 5 milliards déjà promis. « L’idée est intéressante, mais ce n’est pas la solution pour mettre fin à la déforestation d’ici 2030, il faut aussi activer des leviers politiques », tempère Clément Halary, chargé de campagnes forêts à Greenpeace France.

Il perçoit dans ce mécanisme deux avancées : le fait qu’au moins 20 % de ces financements directs soient fléchés à destination des peuples autochtones et des communautés locales, mais aussi l’abandon d’une logique de compensation carbone. Du reste, plusieurs controverses demeurent. « La hiérarchisation des personnes remboursées pose problème ; ce sont les investisseurs d’abord, les États après. Nous réclamons également l’établissement d’une liste des activités qui ne pourraient pas contribuer au fonds, telles que l’agro-industrie ou celle de l’armement », ajoute Clément Halary. Ces points vont être âprement débattus lors de la COP30.

Pour Global Forest Coalition en revanche, le constat est beaucoup plus sévère. « Le TFFF s’inscrit dans la logique du capitalisme vert : il attribue une valeur monétaire aux services écosystémiques, prétendument dans le but de les préserver et d’empêcher leur détérioration et leur perte. Selon cette approche, ce qui est gratuit a peu de chance d’être préservé », pointe l’ONG dans un rapport.

La sauvegarde des forêts est un défi majeur pour contenir le réchauffement planétaire. Outre le fait que celles-ci soient des temples de la biodiversité et que de nombreuses populations tirent d’elles leurs moyens de subsistance, ce sont aussi d’importants puits de carbone. La situation urge. Selon une étude publiée vendredi par Mighty Earth, la déforestation liée au soja connaît un rebond – expansion 210 % plus rapide sur les trois dernières années – en Amazonie et les incendies augmentent. Rien de mieux que des négociations au Brésil pour tenter de conjurer le sort.

La justice climatique, c’est notre bataille. Celle qui relie luttes environnementales et sociales pour contrer un système capitaliste faisant ventre de tout. Du vivant, de la planète, de notre humanité.

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