COP30 : les chefs d’États évitent « le fond du problème », déplore le cinéaste Cyril Dion

« Demain » avait été un beau succès public en 2015. Mais dix ans après, n’êtes-vous pas désespéré que la situation de la planète ait autant empiré ?
Cyril Dion. Ça dépend à quelle échelle on regarde. Anne Hidalgo, qui disait que toute sa politique vélo avait été inspirée notamment par ce qu’elle avait vu dans « Demain », avec l’exemple de Copenhague, est la maire de la première ville cyclable d’Europe, où la pollution de l’air et le trafic routier ont été divisés par deux.
En revanche, si on regarde des trajectoires globales, effectivement on n’a jamais émis autant de gaz à effet de serre, jamais consommé autant d’énergie, autant de matières premières, et tout ça est tiré notamment par des économies qui sont industrialisées de façon plus récente.
Pour en parler il y a les conférences des Nations unies sur le climat (COP), dont celle qui s’ouvre à Belém. Ces grands rassemblements vous donnent-ils un peu espoir ?
Cyril Dion. Je pense que ce n’est pas inutile d’avoir des moments de diplomatie, où les États se parlent, et où les médias couvrent le sujet climatique. Même si c’est un peu malheureux qu’il faille attendre ces grands rendez-vous (ou des catastrophes) pour s’intéresser à cet enjeu vital pour l’humanité.
Un moment où les activistes peuvent essayer de faire pression. Pour autant, chaque fois qu’il y a une COP, c’est la même question : est-ce que vous pensez que les États vont trouver une solution ? Non, parce que le fond du problème, c’est que pour adapter notre mode de vie, notre planète au péril écologique, il faudrait considérablement réduire notre consommation de matière et d’énergie.
Or, cela va vraiment à l’opposé de tout ce que la plupart des grandes entreprises dans le monde veulent faire, c’est-à-dire continuer à se développer, à engendrer de la croissance et de plus en plus de bénéfices.
Quels modes d’action vous semblent plus efficaces alors ?
Cyril Dion. Le seul moyen que les choses changent serait que les populations, dans un sursaut à la fois démocratique et de survie, choisissent d’élire des personnes qui sont prêtes à entamer le bras de fer. Et prêtes à transformer nos institutions, grâce à des mécanismes de démocratie délibérative, comme ce qu’on a pu expérimenter avec la Convention citoyenne pour le climat.
Bien sûr que c’est chiant de ne pas pouvoir prendre l’avion quand on veut, bien sûr que c’est chiant de ne pas pouvoir manger votre steak quand vous en avez envie, mais on a un problème, c’est que le climat se réchauffe et ce problème-là, on va tous le ressentir.
SudOuest




