#IciOnAgit. Valérie Masson-Delmotte : « Sortir de nos laboratoires et prendre la parole est un devoir »

Les faits scientifiques ne sont pas une opinion. Voilà une des réalités, souvent battues en brèche aujourd’hui, que Valérie Masson-Delmotte continue à défendre bec et ongles. La paléoclimatologue et ancienne coprésidente du Groupe international d’experts sur le climat (Giec) a présidé le dernier Festival international de géographie de Saint-Dié-des-Vosges, saisissant l’occasion d’une table ronde sur l’urgence d’une conscience écologique, partagée avec l’autrice Agnès Ledig et l’avocat Sébastien Mabile, pour évoquer l’importance du rôle que doit jouer l’information dans ce contexte.
Car « on peut se poser la question de la place que l’on accorde à la parole des scientifiques dans la fabrique de l’opinion actuellement et notamment dans les médias. Quel temps accorde-t-on à cette parole et au fait scientifique ? Mais pas seulement : dans les délibérations parlementaires, par exemple dans les lois qui touchent à l’agriculture, l’eau, l’utilisation de produits chimiques… », a notamment relevé la chercheuse.
Poussant plus loin encore en invitant les citoyens, les citoyennes, à interroger leurs pratiques, leurs manières de s’informer, sur les réseaux sociaux (RS) par exemple : « Est-ce que sur ces RS, vous interagissez avec des scientifiques ? »
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Évoquant le dernier ouvrage auquel elle a participé, Greenbacklash : qui veut la peau de l’écologie ? ( Éditions du Seuil ) paru le 10 octobre dernier, Valérie Masson-Delmotte souligne également à quel point les rapports de force se tendent actuellement autour des questions environnementales en général et des enjeux informationnels notamment : « Ceux qui ont intérêt au statu quo sont prêts à tout pour gagner du temps pour eux, pour leur business. Ce rapport de force passe par de la désinformation ainsi que par la criminalisation de la contestation environnementale dans beaucoup de pays du monde », a souligné l’ancienne coprésidente du Giec.
Une désinformation qu’elle se souvient avoir parfois vue à l’œuvre lors des rencontres auxquelles elle a pu participer durant ses mandats au sein de cette instance internationale. Lors de présentation de rapports notamment, elle garde en mémoire de véritables « prises en otage de la parole scientifique » afin de servir des intérêts orthogonaux à ceux de l’environnement.
Ces rapports de force, ces leviers que constituent l’information et la désinformation, sont d’autant plus importants à considérer mais à « comprendre. Il faut être informés ! » Un front sur lequel Valérie Masson-Delmotte s’est, de longue date, mobilisée personnellement : « Il est important que nous sortions de nos laboratoires, que nous nous rendions disponibles pour parler ». Un combat qu’il est essentiel de mener en amont de la survenue d’événements extrêmes : « Car quand cela arrive, quand les populations souffrent, elles ne cherchent plus à comprendre : elles cherchent des boucs émissaires… »
Le Républicain Lorrain