« Infondé et injustifiable » : face à un Macron « plutôt positif » sur le traité de libre-échange avec le Mercosur, les associations dénoncent le revirement de la France

La Commission européenne a orchestré un véritable passage en force avec son approbation, le 3 septembre, du traité entre l’Union européenne et le Mercosur. Alors que la France a longtemps freiné l’accord, Emmanuel Macron a procédé à une véritable volte-face. En marge du sommet des chefs d’États qui précède la COP30 à Belem, au Brésil, le chef d’État a de nouveau indiqué, jeudi 6 novembre au soir : « Je suis plutôt positif, mais je reste vigilant parce que je défends aussi les intérêts de la France ».
« Nous avons été entendus par la Commission, qui non seulement nous a donné une réponse positive sur les clauses de sauvegarde, mais a souhaité aussi apporter des soutiens en particulier au secteur de l’élevage, apporter aussi un renforcement des protections de notre marché intérieur avec un renforcement de notre union douanière », a justifié Emmanuel Macron. Dans « les semaines qui viennent », la Commission européenne va mener un « travail » avec le Mercosur « pour que ces clauses soient acceptées », a-t-il complété.
Le collectif Stop-Mercosur – qui regroupe 46 organisations de la société civile telles qu’Attac France, Foodwatch, ou la Confédération paysanne – fustige « le revirement de position de la France » jugé « infondé et injustifiable », dans un communiqué publié, jeudi 6 novembre.
« Pas une ligne de l’accord n’a été modifiée et la clause de sauvegarde présente dans l’accord depuis 2019 ne permet pas de résoudre les problèmes que cet accord soulève ; rien ne saurait justifier l’abandon en rase campagne des promesses d’Emmanuel Macron d’empêcher que cet accord ne voit le jour », déplorent les auteurs.
Au mois de septembre, la France s’était déjà rangée du côté de la majorité européenne, estimant que la Commission avait « entendu les réserves » au sujet de l’agriculture, selon les mots de la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas. Une première volte-face qui déjà passait mal auprès des exploitants agricoles, alors qu’Emmanuel Macron avait assuré, lors du Salon de l’agriculture, qu’il « ferait tout » pour que le texte « ne suive pas son chemin ».
« J’ai été cohérent depuis le début. J’ai dit qu’en l’état, il n’était pas acceptable, c’est pour ça que je vous dis qu’il est en train d’être changé. Et donc si ces clauses sont bien mises en œuvre qui n’existaient pas dans l’accord, à ce moment-là nous considérons que cet accord peut être acceptable », a pourtant affirmé Emmanuel Macron à Belem.
Signé à la fin de 2024, le traité du Mercosur doit encore être approuvé par les 27 pays membres avant d’entrer en application. De plus, à l’issue d’une rencontre entre le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, la présidence brésilienne a annoncé, mercredi 5 novembre, dans un communiqué qu’ils étaient « disposés à signer » l’accord lors du sommet du Mercosur, le 20 décembre à Rio de Janeiro.
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