Iran : Téhéran pourrait devoir être évacuée en raison d’une sécheresse inédite

Les migrations massives liées au climat débuteront-elles plus tôt que prévu ? La capitale iranienne Téhéran pourrait devoir être évacuée en raison des pénuries d’eau s’il ne pleut pas d’ici la fin de l’année, a averti ce vendredi 7 novembre le président iranien, Massoud Pezeshkian.
L’Iran est confronté cette année à sa pire sécheresse depuis des décennies. Dans la capitale, le faible niveau des précipitations est «quasiment sans précédent depuis un siècle», avait affirmé en octobre un responsable local. «S’il ne pleut pas, nous allons devoir commencer à rationner l’eau à Téhéran entre fin novembre et début décembre», a déclaré le président dans son discours, diffusé par la télévision d’Etat. Et «même si nous rationnons, s’il ne pleut pas d’ici là, nous allons manquer d’eau et devrons évacuer Téhéran», a-t-il averti, sans préciser comment la métropole de plus de 10 millions d’habitants serait évacuée.
Cité par l’agence de presse officielle Irna, le directeur de la compagnie des eaux de la capitale Behzad Parsa avait prévenu dimanche que la ville risquait de manquer d’eau potable d’ici deux semaines. Le barrage Amir Kabir, l’un des cinq qui alimentent en eau potable Téhéran, contient «seulement 14 millions de mètres cubes d’eau, soit 8 % de sa capacité», avait-il indiqué.
Mercredi, le directeur provincial de la compagnie des eaux, Mohsen Ardakani, a souligné à la télévision d’Etat que la population de Téhéran avait réduit sa consommation d’eau de 10 % ces six derniers mois. «Si nous atteignons 20 %, nous arriverons à maintenir une situation stable pendant un mois ou deux, jusqu’à ce que la pluie tombe», a-t-il avancé.
La capitale, au climat sec et chaud en été, connaît des automnes parfois pluvieux et des hivers qui peuvent être rigoureux et enneigés. Par souci d’économie, l’eau a été coupée ces derniers temps dans plusieurs quartiers de la ville, ont rapporté les médias, après de fréquentes coupures en été. En juillet et en août, deux jours fériés avaient même été instaurés à Téhéran pour économiser l’eau et l’énergie, en pleine canicule.
Selon l’agence de presse Tasnim, le taux de précipitation en Iran est descendu cette année à 152 millimètres, soit 40 % de moins que la moyenne de ces 57 dernières années. Dans certaines provinces, le taux de précipitation a chuté de 50 à 80 %, a noté auprès de l’agence Mohammad Reza Kavianpour, chef de l’Institut de recherche sur l’eau basé à Téhéran, pour qui le pays doit se «préparer à une situation critique».
Selon le Giec, les événements extrêmes, comme les sécheresses, gagnent en fréquence et en intensité à cause du réchauffement climatique et cela va se poursuivre si les émissions mondiales de gaz à effet de serre ne baissent pas drastiquement. Sans cela, environ un tiers des terres dans le monde devraient souffrir d’une sécheresse au mieux modérée d’ici 2100. En outre, le changement climatique risque de contraindre 216 millions de personnes dans le monde en développement à migrer à l’intérieur de leur pays d’ici à 2050, rapporte la Banque mondiale.
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