Journées du patrimoine dans les Landes : la Réserve naturelle du marais d’Orx fête son 30e anniversaire

Asséchée par Napoléon III pour en faire des terres cultivées jusqu’aux années 1980, cette zone humide est reconnue d’importante internationale pour la population et la variété des oiseaux qui s’y posent
Le marais d’Orx n’est pas une étendue d’eau comme une autre. Il fait partie de la cinquantaine de zones humides d’importance internationale reconnue en France, avec au moins sept espèces d’oiseaux vulnérables qui trouvent refuge dans ce merveilleux paysage, aux confins des Landes et des Pyrénées-Atlantiques, devenu depuis 1995 une réserve naturelle.

« Et dire que certains imaginaient construire ici une riviera, avec un accès par le Boudigau, son exutoire, jusqu’à l’océan », soupire Yohann Montane. Garde technicien de la réserve depuis un quart de siècle, il sait que rien n’aurait pu être entrepris sans l’argent d’un certain Albert Stöcker, à la fin des années 1980. « Le legs de ce Hollandais a permis au WWF (Fonds mondial pour la nature) d’aider le Conservatoire du littoral à acquérir 800 hectares du marais d’Orx. »

Benjamin Ferret / SO
Asséché, drainé, pompé depuis 1865 et cultivé jusqu’au début des années 1980, de dernières récoltes de maïs faites pour Bonduelle avaient précédé le retour des eaux dans le marais. Son avenir s’est finalement joué en 1990, comme le montre un dossier de presse du Département des Landes daté du 15 novembre de cette année-là.
« Diversité biologique »« Le projet a pour but de favoriser la diversité biologique, essentielle pour la survie de l’homme, et de permettre le développement d’une activité culturelle, éducative et touristique axée sur la découverte du paysage, de la faune et de la flore », est ainsi écrit dans ce document présenté par Yohann Montane.
« À l’époque, on ne parlait pas encore de biodiversité. Mais c’est bien de cela qu’il s’agit », pointe l’un des neuf employés, dont cinq gardes techniciens du marais d’Orx. Au-delà de leurs travaux scientifiques, ils ont guidé 35 000 personnes et environ 20 000 scolaires, quand plus de 60 000 visiteurs se sont arrêtés ici l’an dernier. Ils se sont surpris de découvrir, outre la faune et la flore, le passé des lieux et le travail de renaturation concertée qui a été menée depuis son classement en réserve naturelle.

Archives Isabelle Louvier / SO
Plus qu’un aménagement, c’est un « effacement de tout ce qui n’avait pas d’utilité patrimoniale » qui a ainsi été mené, en 2014. Bruissant de vie, fréquenté par une foultitude d’oiseaux, dont une colonie de flamants roses arrivée récemment, de poissons et quelques tortues, le marais d’Orx raconte depuis cette double épopée au cours de laquelle l’homme et la nature se sont fréquentés, opposés avant de se réconcilier.
« On a conservé le polder, précise le garde technicien. Certains disent qu’il s’agit d’un milieu anthropisé, ou critiquent l’emploi de pompes et sa facture d’électricité. Mais, pour moi, cette réserve est surtout un exemple des compromis qu’on peut faire afin d’intégrer une zone naturelle protégée dans un territoire qui vit. »
Programme La réserve naturelle du marais d’Orx fête son trentième anniversaire de ce vendredi 19 au dimanche 21 septembre 2025. Trois journées de découvertes du site, de conférences, d’ateliers et d’expositions sont annoncées. Sur réservation, un « apéro des photographes », à 18 heures, puis une sortie nocturne pour voir des chauves-souris, à 19 h 30, sont notamment programmés pour ce vendredi. Samedi, une conférence, à 15 h 15, évoquera l’histoire et l’évolution du paysage des lieux. Puis, à partir de 19 h 30, un concert en pleine nature sera donné par La Compagnie des musiques télescopiques. La dernière journée, dimanche, commencera dès 9 h 30 par une observation commentée des oiseaux du marais.
Archives Philippe Salvat / SO
SudOuest