« L’Espagne fait partie de l’épicentre du changement climatique », alerte le député Alberto Ibañez Mezquita

Quelles leçons ont été tirées de la catastrophe, en termes d’adaptation au changement climatique ?
Alberto Ibañez Mezquita
Député Compromís-Sumar de Valence
Le fait que Carlos Mazon soit toujours président de la Generalitat empêche que cette réflexion se fasse. La Dana (goutte froide en français, épisode météorologique marqué par des pluies diluviennes) n’est pas le fruit du hasard, mais une conséquence directe de l’aggravation du changement climatique, due au capitalisme. Il faut que Mazon, qui gouverne grâce à l’extrême droite, rentre chez lui, et que la législation en matière d’urbanisme et de protection du territoire, qui se fait au profit de la spéculation, change.
« Pedro Sanchez continue d’être très bienveillant avec l’industrie des énergies fossiles polluantes. »
À Valence, plus qu’un urbanisme anarchique, je dirais qu’il y a un urbanisme capitaliste vorace dont la priorité est de construire, encore construire, toujours construire. À l’heure actuelle, les prix sont très élevés et, comme nous l’avons vu avec la catastrophe, les autorités ont donné carte blanche pour bâtir dans les ravins de la rivière, près de la plage, etc.
Certains habitants parlent ouvertement de corruption en lien avec les politiques d’urbanisme…
En effet, c’est un gros problème en Espagne. Un cartel d’entreprises de la construction, qui existe depuis environ cinquante ans et qui est hérité de la dictature franquiste. Peu importe qu’il s’agisse de corruption au sein du Parti socialiste ou du Parti populaire, ce sont toujours les mêmes bénéficiaires.
C’est pourquoi nous exigeons que les politiques de lutte contre la corruption ne soient pas seulement axées sur les politiciens, mais aussi sur les sociétés et les entrepreneurs. Nous demandons que la législation ne permette pas à une entreprise corrompue, c’est-à-dire qui achète des politiciens à son profit, de pouvoir construire et embaucher à nouveau dans l’administration publique.
L’Espagne est en première ligne face aux inondations, aux incendies et aux sécheresses. Selon vous, le premier ministre, Pedro Sanchez, est-il à la hauteur ?
Bien qu’il ne soit pas directement responsable des 237 morts, comme l’est Mazon, et bien qu’il ait annoncé un paquet de mesures pour lutter contre le changement climatique, Pedro Sanchez continue d’être très bienveillant avec l’industrie des énergies fossiles polluantes.
Nous avons demandé au Parti socialiste qu’il comprenne enfin que l’Espagne fait partie de l’épicentre du changement climatique, du fait de sa situation méditerranéenne. Cela nécessite de croître économiquement de manière sereine, en incluant évidemment une perspective de classe afin que cette politique ne nuise pas aux travailleurs et qu’elle ne devienne pas de l’essence pour l’extrême droite.
Un an après, Valence est-elle prête à une nouvelle Dana ?
Malheureusement, non. Il faut que le gouvernement espagnol investisse davantage et améliore urgemment les politiques de protection des municipalités, en collaboration avec la Confédération hydrographique du Jucar et le ministère de la Transition écologique.
Au-delà de la démission de Carlos Mazon, c’est son projet politique qui doit disparaître. Il nous faut des politiques publiques beaucoup plus protectionnistes, plus consciencieuses de la biodiversité, du réchauffement climatique, et qui puissent mieux protéger la population des futures catastrophes. D’autres surviendront. Elles seront de plus en plus violentes.
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