Ne jetez plus vos tontes de gazon, voici six idées pour les réutiliser intelligemment

En France, le gazon représente une part importante des déchets verts : selon Fredon France (la fédération de lutte contre les organismes nuisibles), la tonte des pelouses génère des volumes importants de résidus de tonte (100 m² de gazon produisent entre 100 et 200 kg chaque année). Or, cette herbe est composée à plus de 80 % d’eau et est riche en azote, un élément nutritif essentiel pour la vie des sols. Il serait donc dommage de la jeter sans la valoriser. Heureusement, de plus en plus de jardiniers, amateurs ou professionnels, réutilisent leurs tontes pour nourrir leurs sols. La tendance actuelle du « zéro déchet vert » pousse d’ailleurs les collectivités à inciter les particuliers à ne plus se débarrasser de leurs tontes, mais à les réintégrer dans leur propre jardin.
L’une des manières les plus simples et efficaces de réutiliser les tontes consiste à les employer comme paillis. En déposant une fine couche d’herbe autour de vos plantes, vous protégerez le sol de l’évaporation et limiterez la pousse des mauvaises herbes. Ce paillage améliore aussi la structure du sol en surface, tout en favorisant l’activité biologique. Mais attention à ne pas réemployer les tontes n’importe comment : pour éviter la putréfaction et un effet contre-productif, mieux vaut les étaler soit en très fine couche (si utilisées seules), soit mélangée à du paillage déjà sec et riche en carbone (feuilles, broyat de coupes de haies ou d’arbres…), en proportion moitié paillage, moitié tontes, ou bien deux tiers paillage, un tiers tonte.
Un accélérateur pour le compostAutre solution : intégrer vos tontes dans votre compost. Leur forte teneur en azote en fait un excellent complément aux déchets bruns comme les feuilles mortes, les branches ou le carton. Attention cependant à ne pas en mettre en excès : une couche trop épaisse d’herbe fraîche peut créer une masse compacte, asphyxiante, qui ralentira la décomposition. « Le secret, c’est l’alternance des couches brunes et vertes, et un bon brassage pour favoriser l’aération », rappelle l’Ademe dans son Guide du compostage domestique (édition 2021). Bien utilisées, les tontes permettent d’accélérer le processus de compostage et d’obtenir un humus riche et fertile en quelques mois seulement.
Même sans composteur, les tontes peuvent être laissées sur place. C’est le principe du « mulching » ou tonte mulching, de plus en plus populaire chez les jardiniers et certains fabricants de tondeuses. En laissant les résidus d’herbe, coupés très finement, sur la pelouse, ceux-ci se décomposent rapidement et nourrissent le sol en surface. Résultat : une pelouse plus dense, plus résistante à la sécheresse, et une économie d’engrais. Cette technique est particulièrement recommandée en période de forte chaleur ou de sécheresse. Elle suppose toutefois de tondre régulièrement et de ne pas couper une herbe trop haute, pour éviter l’accumulation de résidus asphyxiants.
Pour les adeptes de la permaculture (un mode d’aménagement écologique du territoire, qui vise à concevoir des systèmes stables et autosuffisants et à produire de la nourriture en renforçant l’écosystème), les tontes sont un ingrédient de base dans la fabrication des buttes ou des cultures dites « en lasagnes ». Mélangées à d’autres matières organiques (feuilles mortes, déchets alimentaires, carton…), elles créent une stratification fertile qui nourrira votre terre en profondeur. Cette méthode, popularisée en France par l’agronome espagnole Emilia Hazelip, permet d’installer des potagers sur des sols pauvres ou peu cultivables. Selon l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), ces pratiques augmentent la biodiversité des sols et améliorent leur rétention en eau, un atout face aux étés de plus en plus secs.
Une ressource pour les animauxMoins connue, mais possible : la réutilisation de vos tontes de gazon pour vos animaux. Une fois bien séchée, l’herbe coupée peut servir de litière douce pour les poules, les lapins ou les cochons d’Inde. Elle peut aussi être donnée en complément de fourrage, à condition qu’elle soit propre, non traitée chimiquement, et qu’elle ait séché au moins deux jours à l’air libre pour éviter tout risque de fermentation. L’Inrae rappelle toutefois que cette pratique doit rester occasionnelle et encadrée pour les animaux d’élevage.
Attention à utiliser l’herbe correctementSudOuest