Thionville. Le développement des frelons asiatiques inquiète les apiculteurs

La prolifération des frelons asiatiques s’accentue en France et en Moselle ces dernières années. Cette espèce envahissante a été classée nuisible par l’Union européenne en juin 2016 notamment pour sa dangerosité envers les colonies d’abeilles. Le nuisible est désormais bien installé en Moselle et dans les environs de Thionville. Les apiculteurs du territoire s’activent avant l’été pour limiter sa multiplication. Mais aussi pour préserver leurs abeilles face à ce nouveau fléau. « En ce moment, les fondatrices émergent après avoir passé l’hiver au chaud. Les nids de frelons asiatiques se perchent à la cime des arbres. À partir d’un nid laissé à l’automne, on peut avoir des centaines de reines fondatrices qui sont pendues par la suite. Ce qui représente autant de nids pouvant être réalisés par la suite l’année suivante », explique Julien Frizon, apiculteur à Yutz.

« J’ai perdu beaucoup de ruches par rapport aux frelons asiatiques. L’apogée des nids se réalise vers septembre. Désormais le frelon asiatique est bien installé dans la région thionvilloise. Si on ne fait rien, ce sera de pire en pire », relate Bernard Baué, apiculteur à Illange.

Pour préserver les ruches, les pièges sont des outils qui peuvent permettre de les capturer.

« J’ai commencé l’installation des pièges sélectifs en février dès l’arrivée des beaux jours. Des frelons asiatiques sont capturés tous les jours. Je suis impacté par les frelons asiatiques depuis trois ans », ajoute Julien Frizon.

Des portières spéciales pour réduire la hauteur d’entrée dans la ruche peuvent aussi être mises en place. Ce qui bloque son intrusion dans la ruche. Mais dans ces cas-là, le frelon asiatique exerce une pression sur les ruches. À un tel point que les abeilles ne veulent plus sortir. Les conséquences sur les productions de miel et le développement des ruches sont considérables. Il nuit à la biodiversité de l’écosystème en freinant la pollinisation des arbres et des plantes par les abeilles et insectes pollinisateurs.

« Le frelon asiatique n’arrive plus à rentrer dans les ruches mais reste à l’extérieur et s’en prend aux abeilles en vol. Les abeilles ne sortent pas chercher le pollen. Sans apport de nourriture, la reine ne pond pas ou les abeilles naissent avec des carences. Les colonies meurent d‘épuisement puisque la reine n’a pas les ressources pour développer la ruche. On peut dire que cette espèce arrive seulement en Moselle. Dans d’autres régions, c’est déjà l’apocalypse avec 50 frelons sur une ruche, on n’est pas encore à ce stade. L’avenir de l’apiculture française peut être menacé par les frelons asiatiques », explique-t-il.

« Il faudrait une prise de conscience au niveau départemental pour aider les apiculteurs et la chaîne écologique pour limiter sa progression en détruisant les nids en temps et en heure. Il rentre dans la liste des prédateurs pour les apiculteurs », enchérit Bernard Baué.

La première trace du frelon asiatique en France remonte à 2004 dans le Lot-et-Garonne. Ces pattes jaunes constituent l’un des premiers signes permettant de le distinguer à son homologue européen.