Conflit Iran-Israël : comment le marché pétrolier a balayé les pires craintes
Lorsque les missiles iraniens visant une base américaine au Qatar n'ont causé aucun dégât, les traders ont interprété cela comme un autre signe que Téhéran cherchait à apaiser les tensions.
Des années de sanctions américaines ont paralysé l'économie iranienne. Ses ventes de pétrole sont limitées et dépendent principalement de ventes à prix fortement réduits à la Chine. Avant l'attaque israélienne contre l'Iran le 13 juin, le prix du Brent oscillait autour de 69 dollars le baril. L'attaque, suivie de l'intervention américaine pendant le week-end, a brièvement fait grimper les prix d'environ 10 dollars. Pourtant, cette hausse s'est rapidement estompée, les marchés ayant interprété le rôle des États-Unis comme un signe que l'Iran était peu susceptible d'escalader les tensions. Lorsque les missiles iraniens visant une base américaine au Qatar n'ont causé aucun dégât, les traders ont interprété cela comme un signe supplémentaire que Téhéran cherchait à apaiser les tensions. Les traders ont constaté une tendance familière de l'Iran : lancer des attaques moins pour infliger des dégâts que pour apaiser son public national. Le cessez-le-feu annoncé mardi a définitivement dissipé les craintes de perturbations. Le marché pétrolier actuel est bien plus résilient que par le passé. Il y a un an, le brut s'échangeait autour de 84 dollars le baril ; aujourd'hui, il est plus proche de 68 dollars, ce qui témoigne d'un marché bien approvisionné. Les membres de l'OPEP+, menés par l'Arabie saoudite, ont augmenté leur production depuis mai, offrant ainsi une protection contre d'éventuels chocs d'offre. Entre-temps, le paysage pétrolier mondial a évolué : les États-Unis sont devenus le premier producteur mondial, avec environ 13 millions de barils par jour, loin devant l’Arabie saoudite et la Russie, qui en produisent chacune environ 9 millions. Il est important de noter que les États-Unis et d’autres économies avancées détiennent également d’importantes réserves stratégiques. L’administration Biden a exploité ces réserves pendant de longues périodes pour contrer les ruptures d’approvisionnement et maîtriser les prix – un outil qu’une administration Trump pourrait également utiliser si nécessaire. La principale crainte était que l’Iran ferme le détroit d’Ormuz, une voie vitale pour les expéditions mondiales de pétrole et de gaz. Comme l’ont démontré les Houthis, même quelques attaques de missiles peuvent effrayer les navires commerciaux. Mais le risque de violentes représailles américaines – et la possibilité de s’aliéner des voisins et des importateurs clés comme la Chine – a dissuadé Téhéran de s’engager dans cette voie. Une fermeture aurait également pu réduire les revenus pétroliers de l’Iran et bloquer les importations de produits essentiels. Les représailles discrètes de l’Iran se sont résumées à de dures réalités. Le risque d’une guerre plus vaste – susceptible d’anéantir son leadership et de plonger le pays dans un chaos durable – était trop élevé. L'exemple de l'Irak, qui a souffert de plusieurs années d'instabilité après l'invasion américaine de 2003, aurait pesé lourdement sur Téhéran. Entre-temps, les frappes israéliennes avaient déjà affaibli ses capacités militaires, le rendant inapte à faire face aux forces américaines. Son attaque symbolique au missile contre une base américaine au Qatar n'a causé aucun dégât et a été perçue davantage comme une mesure visant à sauver la face que comme une escalade. Des années de sanctions américaines ont paralysé l'économie iranienne. Ses ventes de pétrole sont limitées, dépendant principalement de ventes à prix fortement réduits à la Chine. Un conflit prolongé aurait pu anéantir ses dernières recettes d'exportation et pousser son économie fragile au bord du gouffre. Le soutien régional traditionnel de l'Iran s'est affaibli. Le Hamas et le Hezbollah, ses forces mandataires de longue date, ont été décimés par les attaques israéliennes. La Syrie est tombée aux mains de forces hostiles. Parallèlement, les États-Unis ont renforcé leurs liens avec l'Arabie saoudite, principal rival de l'Iran, et la Russie, embourbée en Ukraine et affaiblie par les sanctions occidentales, a perdu son influence. Même la Chine, critique à l’égard de l’agression américaine, n’a pas voulu renforcer son engagement envers l’Iran.